lundi 23 avril 2012

Jean Pierre Bertozzi et François Réau exposent à la galerie No Smoking de Strasbourg

Jean-Pierre Bertozzi présente ses oeuvres où comme le dit Christine Gasperoni :


" Des plans se confondent, se rythment en apparitions qui disparaissent et nous entrainent vers un questionnement. Des états d’âme se cachent, jaillissent, se révèlent par transparence. Ou avec évidence. Le regard aime se perdre dans cette densité par un cheminement intérieur propre où la toile réfléchit, se réfléchit, dialogue pour retrouver l’unité face aux contradictions. 
A l'aube d'une pluie boréale
L’émergence de l’insondable temporalise la structure de l’œuvre. Des lignes sertissent l’espace, donnent un cadre fini pour mieux en appréhender le mouvement sous-jacent vers un infini. L’œil, absorbé par l’immobilité mouvante des grandes masses, glisse peu à peu vers la quête de sensibilités comme un passage révélateur de l’intime. De l’apparence diaphane naît ce passage, l’entre. L’ambivalence de l’opposition se fracture en interrogation pour mieux nourrir la poétique de la profondeur du détail. De ces strates accumulées surgissent l’essentiel d’une émotion, la sédimentation de la pensée, la cristallisation du sentiment. De cette quête d’authenticité, par touches successives, la toile devient vibration". 



François Réau (RN 2012) joue d'une palette réduite presque monochrome. Son oeuvre faite de dessins épurés en filigranes à la mine de plomb, graphite et à la craie grasse forment une écriture acérée qui semble bouger  sur la texture et la teinte du papier. De ces process naissent des contrastes que le spectateur peut interpréter comme autant de paysages latents.


Jean-Pierre Bertozzi et François Réau exposition à la Galerie No-Smoking du 27 avril au 26 mai 2012, 19 rue Thiergarten - 67000 Strasbourg


Le Métier d'Artiste, un métier ?

Article amusant et amusé de Harry Bellet dans le Monde du 20 avril 2012 sur les millionnaires de l’Art… qui ne sont pas des milliardaires  dans la liste de Forbes ! Prenant exemple de la rétrospective de Damien Hirst à Londres  (payé par le  Quatar - que ne ferait-on sans eux depuis que les oligarques russes se cachent !?!) Harry Bellet s’interroge sur le statut professionnel des artistes se faisant ainsi l'écho du débat sur le métier d’artiste  colloque organisé au Sénat par la Maison des Artistes le 30 mars dernier et par la revue area)revue( qui consacre un numéro au métier d’artistes. Harry Bellet semble y découvrir la maison de retraite des artistes de Marne-la – Vallée à la manière de celle des comédiens de Couilly-Pont-aux-Dames vu par Duvivier dans la Fin du Jour (1939) !



En fait il faut rappeler avec Harry Bellet que les artistes (en France) sont des auto-entrepreneurs qui payent leur part patronal, leurs charges sociales, retraite, CSG, TVA et tout le toutim … à travers la Maison des Artistes ou une autre association représentative sur la déclaration de leur bénéfice net. On rappellera  aussi que les contrats d’exclusivité tel qu’ils étaient pratiqués dans les années 1920 ou 1930 entre une galerie et un artiste sont aujourd’hui assimilés à du salariat et qu’ils ont en conséquence disparu de la scène française ! Il n’y a donc plus d’écuries d’artistes  alors qu’il existe pour les grands sportifs des contrats de sponsoring à durée déterminée ! Ainsi le contrat qui liait Francis Bacon à sa galerie : Bacon peignant et l’oeuvre revenant de droit à la galerie qui assure à l’artiste le gîte et le couvert de tous ses frais par un  revenu mensuel serait considéré comme un salaire ! Aujourd’hui en France un artiste travaille en dépôt avec des galeries entre 50% ou 75% de remise du prix public. Il est un fournisseur singulier. Dans les pays anglo-saxon la norme reste à 40%. Un artiste plasticien touche en fait des droits d’auteur. Seul 1,5% des artistes affiliés à la maison des artistes gagnent plus de 100000  euros annuels, ce qui représente environ 500 personnes, et 50 % des 48500 assujetis gagnent moins de 8500 Euros et nombreux sont ceux qui sont au RSA !

Harry Bellet lui décrit des artistes dits "millionnaires" anglo-saxons et japonais qui travaillent avec des assistants (150 pour Hirst, 125 pour Koons, 100 pour Murakami …) dont les ateliers sont des PME au CA pas si impressionnant ramené au nombre d’employés : 3, 4 millions d’euros annuels pour Murakami pour une fortune estimé à 100 millions d’euros !   De plus la société Kaikai KiKi Co.Ltd (cela ne s'invente pas) de  Murakami aurait perdu 60% de son CA avec la crise de 2008 ! Son CA étant essentiellement effectué par la vente de lithographies et celui de Damien Hirst serait augmenté par la mise en place de boutiques de merchandising et d’investissements immobiliers .
Fort justement Harry Bellet rappelle aussi que la fortune de certains artistes s’est faite non pas grâce à la vente de leur art mais par la spéculation immobilière autour de la vente et la revente de leurs ateliers successifs.  Ainsi on peut retrouver sur le site américain Bouin artinfo les artistes les plus « wealthy » (à l’aise) du moment : Le peintre Brice Marden posséderait un immeuble à New York et un atelier sur une  île en Grèce et le sculpteur Anish Kapoor deux immeubles à Londres…  idem pour les peintres  Jasper Johns ou Julian Schnabel, rien de neuf depuis que De Kooning a acheté son atelier avec la vente de son « Pollock » !!! D’ailleurs le défunt Cy Twombly ne  laisse t-il pas un héritage de 1,2 milliard de dollars en immobilier, tableaux, placements financiers et comptes divers et variés mais il semble, au dire du fisc italien, avoir oublié de payer ses impôts sur une quarantaine de toiles. La vie d’artiste est un marché à terme !

La question du statut professionnel des artistes est donc complexe. La maison des artistes ne s’occupe pas que des artistes « traditionnels » mais aussi des graphistes, des décorateurs, illustrateurs, designers qui sont souvent les mêmes !!!

Les revenus des artistes sont donc de fait des droits d’auteur 50% en galerie du prix de transaction et 6% en salle des ventes en France. Mais fondamentalement le second marché  leur échappe complétement en particulier dans les pays anglo-saxons ou le droit de suite n’existe pas ! Ainsi « Lullaby Spring » vendu 19,2 millions de dollars à Londres, n’a pas rapporté un centime à Damien Hirst ! Il se trouve que la plus part des artistes professionnels ont donc un second métier ou peut-être un premier par exemple professeur d’arts plastiques, ou banquier ou trader (Jeff Koons était trader en coton et on ne voit pas pourquoi il n’aurait pas continué à pratiquer des placements de bons pères de famille !)  …. Dubuffet n’était-il pas marchand de vin !!!!  

La situation des artistes est donc analogue à celle des écrivains, des cinéastes qui pour l’essentiel sont journalistes, professeurs, diplomates, éditeurs ou comme Francis Ford Coppola viticulteur… 
Mais l’artiste le plus professionel semble être le taggeur David Choe, qui a décoré contre quelques actions le hall d’une start-up naissante Facebook, aujourd’hui sa fresque vaudrait 200 millions d’euros…. Bravo l’Artiste !
Là aussi Internet change la donne !






mardi 17 avril 2012

Louis Nallard et le Google Art Project


Au premier coup d’œil, la peinture de Louis Nallard apparaît construite en strates successives et superposées comme une plate-forme sédimentaire composée d'une accumulation de cycles. Elles forment un canevas de failles, de lignes, de concrétions comme autant de plissements  géologiques d’une peau picturale. Leur lecture fait apparaître ici une contraction, là une dilatation ou un enveloppement. Le peintre semble déplier ses perceptions, les augmenter, ou au contraire les plier les rentrer dans le renforcement de son monde. L’alternance des touches longues et courtes forme dans leur répétition le code hiéroglyphe d’une peinture hermétique et silencieuse. Des couleurs chaudes, terres de sienne ocres jaune et terres d’ombres, des quelles émergent un vert ou quelques bleus. La peinture est variation, répétition, pli selon pli, « carte-mer » des paysages de son enfance, auxquels Louis Nallard n’a sans doute jamais cessé de se référer à ses propres dires.





Vue de l'exposition Louis Nallard Galerie 53
On ne présente plus Louis Nallard ( 94 ans !) Président d’honneur des Réalités Nouvelles où il y expose depuis 1948, dix ans plus tard dans les catalogues on lit qu’il n’y exposera plus qu’un an sur deux pour laisser la place à d’autres. Dévoué avec sa femme Maria Menton qui en était la secrétaire, il sauva le salon du naufrage dans les années 70, le remettant sur pied avec l’aide de Jacques Busse.



Louis Nallard, Peintures de 1947 à 1992 - Galerie 53, 53 rue de Seine 75005 Paris. Du 12 Avril au 12 Mai 2012 - 14h 30 -18h30

En regardant l’exposition Nallard, on se prend à rêver de regarder ses tableaux de très prés de très très prés, de les afficher sur son écran d’ordinateur comme on le fait sur la nouvelle version de Google Art Project. L’interface a été amélioré, simplifié et on peut zoomer ou dézoomer pour voir de près à loupe grossissante le grain de la toile, l’empâtement , la touche, le dessin… Quelle jouissance du regard ! 
Bien sur l’essentiel des œuvres numérisées est figurative et ancienne issu des musées américains… Orsay, l'Orangerie Versailles ou Chantilly ont accepté d’y participer… Le Louvre offusqué refuse de voir sa Joconde ainsi traité…. On les comprend ! Pourquoi après aller s’embêter dans des bousculades de cars de touristes, cochons de payant qui font le Louvre en ¾ d’heure, alors que là derrière son ordinateur ou devant son projecteur on a les tableaux que l’on aime reproduit à échelle 1 et on a le temps tout son temps. On ne peut que rêver de voir Google débarquer dans le salon  des Réalités Nouvelles numériser les œuvres et nous laisser le temps infini du virtuel pour les contempler. Bien sûr ce n’est pas demain matin, hélas pour les RN, mais ce n’est plus qu’une question de génération numérique, demain l’outil sera accessible à tous mettant ainsi la peinture au cœur de l’esthétique des flux !

dimanche 15 avril 2012

Clôture du Salon et fête des RN !

Hier soir, a eu lieu le grand banquet de clôture du salon comme seul le petit village des artistes des RN (qui résiste depuis des années) sait l'organiser ! Les artistes étaient réunis autour de la table, les sangliers étaient bien cuits et la cervoise coulait à flot. Notre barde bailloné ne chantait pas, heureusement à la joie des artistes. Si Patrick Hay avait été présent, il aurait sans doute trouvé la réponse à sa question : "c'est quoi être artiste ?" avec laquelle il clot son article élogieux de sa visite du Salon 2012 sur son blog CultureBox sur France Télévision.fr.
André Leguen célèbre l'élection
au comité des RN de Diane de Cicco !

samedi 14 avril 2012

Les Prix de La Critique et les Prix de la Fondation Taylor pour le salon RN 2012

Prix artension :               Sophie VILLOUTREIX-BRAJEUX

Sophie VILLOUTREIX-BRAJEUX, Le Souffle 1, 2011, gravure, 65 x 76 cm © S. Villoutreix-Brajeux


Prix Arts Programme :        SEGAWA Go

SEGAWA Go, Goutte Rouge, 2011, impression jet d’encre sur polyester, 20 x 34 x 34 cm © Segawa Go


Prix de la revue ENTRE :        Sandrine MATHIEU

Sandrine MATHIEU, Quelque chose dans le vent me dit qu'il est temps, 2012, coton piqueté, 89 x 130 x 10 cm © Isabelle Gaulon


Prix lacritique.org :               PRATAP MOREY

PRATAP MOREY, Inverse Proportions, 2011, gravure, système d’archive et technique mixte sur bois © Pratap Morey


Prix Rosini :                      Jean-Michel KAARTUZ-ETIENNE

Jean-Michel KAARTUZ-ETIENNE, Pariah, 2011, calcaire marbrier de Chartreuse, 38 x 70 x 60 cm © J.M. Kaartuz-Etienne


Prix Marin :                      Anne COMMET

Anne COMMET, Traverses 1, 2012, texchnique mixte sur toile, 192 x 130 © Anne Commet


et le Prix arearevue)s( : à l’ensemble du Salon Réalités Nouvelles


Après avoir sous-ligné la variété, la qualité et l'invention de la sélection 2012 des Réalités Nouvelles qui offre de nombreuses surprises, la Fondation Taylor à attribuer ses prix aux artistes,

peintres :

Augusto PAVANEL
Christian FERRE
Patrick CORDEAU

et aux sculpteurs

Louis THOMAS-DOSTE
Ulrik VINTERSBORG






jeudi 12 avril 2012

INTERVIEW DE DON VOISINE PRESIDENT DE American Abstract Artists


Une interview croisée de Don Voisine, président de AAA et de Olivier Di Pizio président des RN, réflexion ouverte sur l'avenir des associations d'artistes abstraits d'un coté et de l'autre de l'Atlantique.
Deux modes de fonctionnement bien différents pour deux histoires parallèles... AAA est née à New York en 1936, Réalités Nouvelles est née en 1946 pour remplacer Abstraction-Création née en 1931 !

mercredi 11 avril 2012

Richard van der Aa, peintre et galièriste de ParisCONCRET

Easy Pieces 2007

Reasons to be cheerful - 2011


Pouvez-vous décrire brièvement votre travail ?
Can you briefly describe what you do ?


Je suis un artiste, avec une formation de peintre. Je fais aujourd’hui des peintures et des réalisations en trois dimensions. Mon travail est basé la prémisse que avant tout la peinture est un objet – non pas une fenêtre – et qu’elle a un sens dans son interaction avec d’autres objets. Mon travail est abstrait et minimaliste Je cherche à garder les choses aussi simple que possible.

I am an artist, trained as a painter. I now make paintings and three dimensional work. It is all based on the premise that before anything else, the painting is an object – not a window – and it has meaning in relationship with other objects. My work is abstract and reductive. I like to keep things as simple as possible.



Qu'est-ce qui vous motive pour créer ? 
What drives you to make work ?

J’aimerai pouvoir dire que je travaille pour apporter un peu de beauté dans ce monde mais c’est seulement une part de la vérité. Pour être vraiment honnête, je suis incité à travailler parce que je suis drogué au plaisir de retourner créer une nouvelle pièce.
 

I would like to say that I make work in order to bring some beauty into the world but that is only a part of the truth. To be completely honest, I am driven to make work because I am addicted to the thrill of sitting back at looking at a new piece.

Pouvez-vous nous parler de votre pratique au jour le jour ?
Can you tell us something of your day-to-day practices ?
 


Je n’ai pas de pratique régulière. Je dessine constamment des petits dessins d’idées que je peux utiliser quand j’arrive à l’atelier. Quand je suis à l’atelier plus rien ne compte. Une pièce nait d’une précédente. C’est une suite de raffinements.

My day to day practise is not very regular. I constantly make small drawings of ideas which I can use when I get to the studio. When I am in the studio nothing else matters. One work comes out of the other. It is an ongoing series of refinements.

Depuis quand travaillez-vous de cette manière?
How long have you been working in that way ?


Ma manière de travailler est resté globalement la même depuis que je suis sorti des Beaux-Arts en 1985. Bien sur les matériaux ou l’échelle des travaux n’ont pas toujours été les mêmes mais mon approche de la fabrication de l’art est resté identique. J’aime travailler avec un peu de spontanéité et faire des oeuvres qui me surprenne.


My work process has remained largely the same since I came out of art school in 1985. Of course the materials and the scale of the work have not always been the same but my approach to art making has. I like to work a little spontaneously and to make work which surprises me.



Quels sont les artistes qui vous ont le plus influencés ?
Which artists have had the greatest affect on your work ?


C”est une question difficile - il y a trop de noms à citer. Peut-être que mon premier héros était Matisse. Pour moi c’est le Maitre aujourd’hui encore. Son sens des rapports colorés, la conduite de la matière en à-plats, son processus de travail, sa recherche continuel de l’essence des choses. La joie de vivre qui est évidente dans son travail – la fraicheur de son travail. Tout cela m’impressionne encore quand je le vois. Après il y a l”Ecole de New York : Franz Kline, Motherwell, Rothko, Barnett Newman, et en fin les, ‘minimalistes’: Donald Judd, Carl André, John McCracken, ou encore Robert Ryman et Richard Tuttle.A difficult question – there are too many to say. Perhaps my first hero was Matisse. For me he is still the master. His sense for colour relationship, the drive towards flatness, his working process, his continual search for the essence of a thing. The ‘joie de vivre’ that is evident in his work – the freshness of his work. All those things still impress me when I see it. After him came the New York School painters: Franz Kline, Motherwell, Rothko, Barnett Newman, and finally the so called, ‘minimalists’: Donald Judd, Carl André, John McCracken, and others like Robert Ryman and Richard Tuttle







Soundings 1997



Mere Formalities 2011


Qu'est ce qui en dehors des arts visuels fait évoluer votre travail ? 
What outside of visual art informs your practice ?

Mon travail se nourrit de l’observation de la vie de tous les jours. C’est un tout qui fonde ma compréhension du monde. Fondamentalement, je crois que le sens est fondé sur la relation. Je veux dire par le sens matériel de la relation entre l’objet et l’espace mais aussi relation dans un sens personnel et spirituel . Nous nous définissons par nos relations et nous ne pouvons, nous connaitre dans la solitude.

My work is informed by my observation of things in everyday life. As a whole it comes out of my understanding of the world. Specifically, I believe that meaning is found in relationship. By that I refer in the material sense to the relationships between objects in space but also to relationship in a personal and spiritual sense. We are defined by our relationships and we cannot know ourselves in solitude.


Comment souhaitez-vous que le public recoive votre travail ?
How would you like people to engage with your work ?


J’aimerai qu’ils arrivent sans trop de jugements préconçus devant mes œuvres, qu’ils s’y arrêtent un peu de temps et s’autorisent à être surpris.

I would hope they are able to come to the work without too many preconceived expectations – to spend time with it – and allow themselves to be surprised.


Qu'est ce qui vous passionne actuellement ?
Have you seen anything recently that has made an impression ?


La série des expositions Monumenta au Grand Palais, Richard Serra et Anish Kapoor étaient superbes (et bien sur il y a le dernier show de ParisCONCRET !)

The Monumenta series at le Grand Palais: Both Richard Serra and Anish Kapoor were magnificent. (and then of course there is always the latest show at ParisCONCRET!)


Dans quel sens selon vous doit évoluer l'art abstrait ?
In your opinion, how should be the future abstract art evolution ?


Je ne pense pas réellement à l’évolution de l’art abstrait comme un tout. Je ne suis pas un politique. Je fais mon propre art. Je pense que comme artiste nous devons faire du bon boulot avec intégrité et authenticité. Si l’un d’entre nous est capable de faire ça – l’histoire fera le reste…

I don’t really think about the evolution of abstract art as a whole. I am not a political person. I just make my own work. I think that as artists we simply need to make good work with integrity and authenticity. If enough of us can do that - history will tell the story…











lundi 9 avril 2012

Salut à Louttre.B

Le peintre, graveur et sculpteur Louttre.B qui fut membre du Comité des Réalités Nouvelles est mort vendredi 6 Avril des suites d’une longue maladie. 

La galerie Bernard Ceysson, Paris du 05 Avril au 26 Mai 2012 présente une exposition Louttre B, 23 rue du Renard 75004 Paris.

J’ai toujours été frappé par la ressemblance physique de Louttre.B avec Corot et Braque tels que l’on peut les voir en photographies. On dirait trois frères ou trois cousins d’une même famille… Trois tignasses blanches, trois expressions similaires, lèvres pincées, la fossette marquée, la même mâchoire.



Louttre.B  le regard à la fois ironique et inquiet,
 entre Corot à 
gauche et Braque à droite !



Donc un peintre peint un paysage. Pour Corot ce fut l’île de France, pour Braque Varengeville et ses falaises, pour Louttre.B Boissierette et le Lot. Corot était fasciné par des paysages en construction, recherchant la vérité du sentiment face à la nature, Braque par le passage de la mécanisation de l’ère industrielle avec les charrues manuelles abandonnées au coin des champs comme des sculptures mobiles immobiles. Loutre.B l’était par les paysages viticoles du Lot, abandonnés et retournés à l’état sauvages, couverts de chênes verts. Louttre.B cultivait un genre paysan parisien. La lippe pincée, mâchouillant une sempiternelle allumette ou roulant une cigarette entre ses doigts, le regard matois. Un renard argenté. Connu comme le loup blanc. À sa peinture, il faut adjoindre une œuvre gravée prolixe qui reprend les thèmes de ses toiles, ainsi que des tapisseries, des vitraux, des sculptures. Il prétendait n’avoir aucune théorie de la peinture si ce n’est celle sans doute de chercher l’image juste et juste l’image comme les « patrons », Corot qu’il admirait et Braque qu’il avait connu. Du métier de peintre en bâtiment qu’il avait pratiqué dans les périodes de vaches maigres, il conservait la conscience du travail bien accompli, recherchant à trouver l’effet, à développer ensemble les parties du tableau tout en introduisant du sable dans le liant acrylique.
            « Le Pré carré » acrylique sur toile, 2010.
                  Courtesy Galerie Bernard Ceysson



Chercher la forme, l’ensemble, la valeur des tons, qui conduit à la couleur, puis la cueillir sans reproche, sans crainte, sans peur du heurté. Louttre.B ne garde que l’écho, le souvenir lointain d’un paysage qui se désagrége. Louttre.B vivait la peinture.


En octobre 2009, je lui rendais visite déjà malade, ce jour-là il était en forme. 
La conversation roule, je pense alors à faire un petit document avec mon téléphone portable, il en est d’accord , on va dans son atelier.



Nota : Un document de 7'30 à regarder en petit écran, les décalages d'images et de son sont dus à la compression.



dimanche 8 avril 2012

7 Avril 2012 - RN - The Largest Abstract Show in Europe - Vernissage

Dans une salle oeuvres de Heloise Guyard  et de  Erik Levesque

Dans l'allée centrale devant les oeuvres des sculpteurs danois

Devant la  toile de Vincent Lemaitre 



Paola Palmero répond aux interviews

Devant le travail de Richard Van der Aa

Anna et Richard Van der Aa de ParisCONCRET

Huyn-Ju Ahn devant Restrained Supersaturation n°6


Dominique Tiger le vidéaste des RN

Devant "Méteore-Nuit" de Béatrice Bonnafous

Devant les quatre oeuvres des artistes de AAA
Dan Hill, Phillis Ideal, John Phillips et Don Voisine

Dan Hill arrivant au vernissage depuis New York

Olivier di Pizio (à gauche) avec Philippe Marin
annonçant le prix Marin pour la peintre Anne Commet

Don Voisine président de American Abstract Artists et
Olivier Di Pizio président des Réalités Nouvelles
 engagent des salutations diplomatiques
(selon des sources bien informées..;)

Le public les écoute attentif  !

mercredi 4 avril 2012

Jeunes Artistes ? Abstraction ? Création ? Question ?

Les jeunes artistes issus des écoles d'arts répondent au questionnaire des Réalités Nouvelles, lors du Salon 2011.  Une vidéo de Dominique Tiger.


mardi 3 avril 2012

4/4 - Une Wiki-histoire du Salon des Réalités Nouvelles - Esthétique du flux ou se transformer à l’âge d’Internet (depuis 2000)

Esthétique des flux
par Erik Levesque

Sous la présidence des peintres Michel Gemignani (2005-2007), puis Olivier di Pizio (2008- …), le salon se diversifie, s'ouvre à de nouveaux horizons, augmente le nombre de participants qui passent de 260 à 400, montrant s’il en était besoin l’actualité de l’abstraction suivant la « définition majeure du salon et fondamentale du salon, de la création et de l’identité du salon des RN, c’est à dire les expressions plastiques de l’abstraction ».
Le salon revenu au Parc Floral Vincennes devient gratuit pour le public. Le nombre d’entrée public passe ainsi de 3500 visiteurs à 10000 ! En 2006, le salon fête ses 60 ans avec Soulages, les anglais John Hoyland, Albert Irvin, et d’autres artistes venus du monde entier !
Hélas ! Les relations avec les grandes institutions sont toujours aussi mauvaises, le salon désirant rendre hommage à Aurélie Nemours décédée en 2005 et qui fut toujours partie prenante du salon, demande un prêt d’œuvres qui nous fut vertement rejetée…
Tournant avec 100 nouveaux noms chaque année le salon se renouvelle en permanence organisant une des plus grandes bases de données de noms et des catalogues accessible sur le web. Il suffit de comparer ce qu’était le salon en 1960, disons, et aujourd’hui pour en voir les évolutions, les transformations du goût et les différentes réceptions de l’abstraction. Le salon au XXIe siècle dialogue entre la section à la géométrie affine et la section peinture où dominent les structures anamorphosées, vortex et autres canevas de fractals. Ce dualisme hérité de l’histoire du salon est pondéré par la sculpture, la gravure et la photographie. Les esthétiques de l’abstraction qui traversent le salon sont nombreuses : concret, géométrique, numérique, constructal, expressionniste, décorative, hybride, musicalisme, figuration allusive, matiériste …
Si la génération historique des fondateurs et des disciples disparaît, le salon reste un lieu de débat profondément marqué par la place de la peinture et de l’abstraction dans la société. Tout autant que par l’économisme triomphant, les contre-coups de la décolonisation, les effets de mai 1968 ou par la crise économique, en fait par tous les désengagements successifs et les renoncements d’un Etat perdant ses triples A. La place de Paris, capitale internationale des Arts, appartenant maintenant à un passé doré révolu, il faut apporter de nouvelles stratégies. Le développement du marché de l’art par Internet au travers de galeries créatives ou décoratives permet aux artistes et aux œuvres de trouver leur place dans un marché globalisé, mais impose une réflexion sur l’esthétique des flux esthétiques et d’esthésies.

La nouvelle génération d’artistes qui prend les commandes du salon, le conçoit comme un collectif  d’artistes, selon le mot de Jacques Busse. Il n’est pas innocent que le président de l’association Olivier di Pizio soit habitué à se positionner dans le champ social, il est particulièrement attentif aux différentes problématiques de la monstration de l’art. Cet ami de Louise Bourgeois tente de renouveler le dialogue avec les écoles d’art, invitant des étudiants post-diplômés à exposer. Il est attentif à rejeter toute forme de communautarisme et de closure de l’association sur elle-même comme lieu de l’Abstraction, Olivier di Pizio souhaite confronter l’association et par là l’Abstraction à la société française dans toutes ses composantes. Aussi  il proposera de reprendre les expositions itinérantes RN  hors de Paris; plusieurs sélections d'artistes issus du Salon exposeront ainsi à Troyes, Pont de Claix ou encore Belgrade. Joel Trolliet est le secrétaire du Salon, peintre il y expose depuis 1973. Comme secrétaire il en est aussi un garant historique porteur de l’histoire mouvementée des années 70 et des combats théoriques ainsi que d’une forme d’identité de la peinture aux couleurs parisiennes. A partir de 2014, il devient responsable du Commissariat Général, alors que Chantal Mathieu prend en charge le secrétariat. Autour de Martin Bissière se retrouve un groupe de jeunes peintres fortement marqués par la gestuelle de l’expressionnisme abstrait que l’on retrouve aujourd’hui dans différentes galeries parisiennes. Concevant le salon et le temps de l’exposition  comme un lieu de rivalité et de violences assumées, Martin Bissière désirait faire du salon un lieu de compétition « sportive » annuelle. Il quitte le comité en 2010. Autour des peintres Françoise Delmas et Christian Martinache s’établit une réflexion bachelardienne sur la peinture et la réalité jouant de couleurs grisées et de textures travaillées. Béatrice Bonnafous propose elle une réflexion sur sa place de femme dans la société (donc dans le salon) tout offrant une méditation sur les liens Occident/Orient. Dont les écoles japonaises autour de la figure de Saturo Sato donnent un exemple, grâce en particulier, à son musée  d’Art Construit de Tomé au Japon où sont accrochés de nombreux peintres des Réalités Nouvelles. La section géométrique emmenée par les peintres Henri Prosi, Pascal Mahou et Roland Orepük, agit et réagit comme une cellule qui tenterait de résister aux flux des images avec une volonté affirmée d’être un amer. Les écoles allemandes, danoises et italiennes jalonnent le salon. La section sculpture est menée par Bernard Blaise et Thomas Lardeur qui tente d’apporter une attention particulière sur la commande publique et invite cette année dix sculpteurs danois. La section de la gravure et la lithographie est conduite par la graveuse Jeanne Charton. Erik Levesque voudrait interroger les flux esthétiques qui traversent le salon autant du point de vue de la création que dans leurs réceptions. L’artiste dans cette problématique n’existe pas comme individu mais existe au travers d’une communauté qui donne écho à son travail. Lors de deux colloques seront analysées comment transformer le réseau essentiellement francophone des RN et comment jouer avec une esthétique hollywoodienne de l’Art qui s’impose à nous tous les jours.   Mais parmi ses idées rejetées par le comité était celle de basculer entièrement le salon sur le web à travers le site, d’en faire un salon virtuel. Le comité refuse d'indexer le catalogue en ligne du site Réalités Nouvelles sur Artprice.

Il fut choisi par le comité d’une part de déposer l’histoire du salon et pour ce faire rendre les archives accessibles par leurs dépôts à L’IMEC, d’autre part de rechercher des interlocuteurs internationaux comme l’abstraction anglaise, pour mettre les Réalités Nouvelles face à leurs nouveaux horizons…
Si certains applaudissent à ses transformations d’autres affirment "ne plus reconnaitre leur salon" ou sont déçus de ces transformations. Ainsi André Rouillé, dans un éditorial de ParisArt du 14 Avril 2011, reproche au salon de vouloir être un lieu d’art contemporain, d’autres réactions sont plus polémiques comme celles de M.C « incroyablement mauvais, que du déjà vu, des œuvres dans la majorité primaire, aucune recherche, dignes d’élèves de CM2 qui sont les membres du comité de sélection ??? Critiques d’art ??? Artistes ??? On expose ses copains… En fait, il n’y a pas de mots pour décrire votre salon, Vous pensez vraiment attirer des amateurs d’art. Sans doute ceux qui se baignent dans leur fosse septique ».
Comme quoi on ne peut pas plaire à tout le monde ! Le Salon des Réalités Nouvelles n’est pas un lieu tranquille, c’est un lieu de débats passionnés, de polémiques, autour de l’abstraction et de sa place dans la société. On y vient pour confronter son travail à celui des autres artistes, on y vient pour rencontrer des peintres, des sculpteurs, sortir de l’atelier, c’est un lieu vivant, risqué ou une communauté se rassemble échange. 
L’aventure continue…

Texte publié le 03/04/2012 dernière modification le 29/05/2013.

NB : Erik Levesque fut l'administrateur du blog du 04/2011 à 31/12/2014.