lundi 29 avril 2013

André Stempfel dérange Lahumière



André Stempfel, qu'on ne présente plus au Salon des Réalités Nouvelles expose : « Je dérange »  du 16 mai au 22 juin 2013 à la galerie Lahumière à Paris.

"Les facéties d’un monochrome :




















Les mouvements modernistes du début du XX° siècle nous ont enseigné que le tableau n’était plus une fenêtre d’illusion mimétique ouverte sur le monde, mais une construction mentale qui se matérialise en un objet bien concret, de forme et d’épaisseur variables, sur lequel on pose des pigments.

Et dès les années 20, Van Doesburg nous a démontré que l’espace du mur participait de la composition picturale. (Composition en trois parties 1920). Dans la logique de cette voie, André Stempfel s’adonne d’abord à une abstraction géométrique rigoureusement construite, mais dont les éléments rapidement attirés par l’espace, se dissocient pour gagner les trois dimensions. Ainsi sont subverties les disciplines canoniques de la peinture, de la sculpture et de l’architecture.

Son œuvre se développe simultanément dans tous ces domaines. Depuis les années soixante, parallèlement au travail sur châssis et au travail du châssis, ses interventions dans l’espace public ont été nombreuses. Cependant, malgré une formation qui passe aussi par le volume, il semble bien que la peinture reste la matrice de tout ce déploiement. Qu’elle s’accroche au mur, qu’elle s’expanse dans un espace architectural ou qu’elle se divertisse avec le socle de la sculpture classique. 

Du séquentiel, de la série, qui sont les outils traditionnels de l’Art concret historique, André Stempfel a gardé le principe, mais c’est pour en faire un usage gauchi. Parce qu’au lieu de décliner des permutations rigoureuses, ses séries s’apparentent plutôt à des séquences ludiques et narratives, à des enchaînements de postures au cours desquels ses formes prennent la tangente. 

Elles se désolidarisent de la toile qui ne parvient pas à les retenir, se répandent simultanément sur plusieurs supports, s’émancipent. La structure du tableau elle-même n’est pas épargnée. Les tribulations qu’on lui fait subir vont bien au delà du shaped canevas. Son intégrité est mise à mal. La toile se fend, des éléments s’en échappent, elle se recroqueville, s’enroule, se contorsionne, rebique... 

Si la peinture d’André Stempfel semble à première vue sacrifier au jeu du trompe-l’œil, c’est pour en pousser la logique jusqu’à l’absurde, l’excéder en allant jusqu’à la transformation réelle de la toile, jusqu’à la concrétisation matérielle d’une illusion d’optique. Quant à la prouesse du sculpteur, elle consiste à nous faire croire à la souplesse d’une pièce de bois.  Et puisque la composition se fait directement en travaillant l’objet-tableau, le peintre peut se contenter du monochrome et s’en tenir une bonne fois pour toutes à sa couleur de prédilection.
Ce sera le jaune. 

Pas n’importe quel jaune, mais un jaune tonique, léger et dense comme le condensé d’un faisceau de lumière. "       
                                                              
                                                                               Hubert Besacier 2013 

(Extrait de la Préface à l'exposition)